L’association « le crayon » en partenariat avec les Ceméa présente deux expositions durant le congrès, les deux dans le couloir principal du bâtiment A. Quelques morceaux choisis pour vous donner envie de les découvrir dans le détail.
Pour répondre aux terribles journées de janvier 2015 et suite à la mobilisation citoyenne du 11 janvier de la même année, Christian-Alexandre Faure et ses amis ont créé l’association Le Crayon avec pour projet de défendre la liberté d’expression à travers la promotion du dessin de presse. « Après l’émotion, l’action » affirment-ils avec force.
Au bout du crayon les réseaux sociaux
173 dessinateurs ont trempé leur plume dans la couleur pour dire leur vision du monde des réseaux sociaux. En annonce chaque panneau une courte phrase, saillante qui en présente la thématique.
L’humour est de rigueur et la rigueur est maîtresse sens dans cette exposition sur un sujet bateau maintes fois navigué mais qui est ici traité sous l’angle du dessin de presse, lame acérée coupant comme un yatagan bien affûté.
On y croise pêle-mêle nombre d’anonymes (dans lesquels chacun·e peut se reconnaître), Orwell, Shakespeare ainsi que De Gaulle, Trump et consorts, convoqués par instants d’images.
Il est question d’œil et de regards, de solitude, de masse, de vitesse aussi, je pense à Paul Virilio, qui a dénoncé la tyrannie du tout tout de suite et partout et en contrepoint à l’éloge de la lenteur de Carl Honoré.
Les sujets abordés sont universels et sans âge, sans tabou ni censure, il n’y a pas beaucoup d’oublis. Un seul regret peut-être, s’il faut en trouver un (mais le faut-il ?) : il n’y a pas un seul dessin sur les privé·e·s de. Comme si tout le monde était connecté !
Il y a de la poésie, de la science-fiction, tous les genres littéraires dessinés, de la terreur même si l’humour, souvent noirci à l’encre du crayon, domine.
Quelques prises de tête en perspective :
- Open ou closed space ?
- temps du braincloudwordl.
- Branches d’un arbre géant, branché·e·s or not branché·e·s, branchies pour respirer sous web water ?
- Retour vers le futé ou le pas sûr ?
Et au bout du compte, prise de conscience du découvert autorisée !
Au bout du crayon, écologie et environnement
240 dessinateur·trice·s apportent leur la phrase d’accroche annonce la couleur, ça commence par « la terre est trop vieille pour qu’on se moque d’elle », proverbe breton ». Pan sur le bec, ça démarre fort. On est prévenu·e·s !
Ici aussi le principe est simple : une citation (généralement d’une personnalité) pour un panneau qui traite une thématique.
Thoreau, Bachelard, Jean ferrat, Greta Thunberg et même Claudel, comme les langues bambara et amérindienne sont cette fois appelé·e·s à y aller de leurs sentences.
Il est question de nature et d’homme, de comment la première se fait manger la laine sur le dos par le deuxième sans que celui-ci ne s’aperçût qu’il se désquame par la même occasion.
L’humour y est permanent et corrosif comme est corrosif notre comportement. Et quelques instants de poésie pure (je vous laisse les désigner à votre guise) s’y immiscent par touches distillées savamment. Le cynisme est de mise, la dérision et l’ironie le lui disputent.
Le changement climatique (dont on nous rabat les oreilles comme un leitmotiv contre-productif) est présent mais pas trop.
Tout le monde en prend pour son grade, prenons garde, un avertissement sans frais.
Certaines photo cognent fort, mais ce n’est pas ce qui est recherché. Ce qui l’est c’est la prise de conscience, sans notion de culpabilité, de la part que nous prenons dans ce concert universel et symphonique certes mais dysharmonieux.
Deux expositions engagées,deux puissants manifestes politiques.
Le dessin est un outil formidable qui vaut un article, d’un coup de patte tout est dit, les mots sont comptés et cette contrainte permet d’être incisif sans lasser.
Les dessins sont parlants mais, bien que positionnés dans un espace très passant, peuvent être difficiles à voir parce que justement c’est trop…passant.
Néanmoins, laissez-vous séduire au fil de vos allées et venues dans ce couloir que vous emprunterez souvent quotidiennement.
Les réalités s’affichent dans le pré, courez-y vite, courez-y vite, elles ne restent que quelques jours.