Aux Ceméa nous mettons l’accent sur la primauté du rôle tenu par les personnes dans l’exercice de nos manifestations, de nos regroupements, en regard des statuts de chacune et des fonctions qu’elles occupent. Et ce rôle traduit un fort engagement. Ce congrès n’échappe pas à la règle.

Chacun·e s’affaire, une ruche, des fourmis, une grande famille (peu importe la métaphore) jusque là rien de surprenant, tout rassemblement ou congrès d’un mouvement d’Éducation nouvelle, d’éducation populaire se rapproche de cette impression d’ensemble bruissante et foisonnante, de cet état permanent d’urgence des instants et de cap à ne pas perdre de vue, filigrane discret mais bien là d’une feuille de route à tenir coûte que coûte. Chacun·e sait où est sa place. Ici, on est de partout mais on est de soi avant tout, tous et toutes profondément engagé·e·s dans un projet commun, projet de changement profond d’une société qui en a un besoin vital. Engagé·e·s dans une acte politique réfléchi et soutenu par un corpus de valeurs partagées. Un engagement qui passe au-dessus des palabres nécessaires et bienvenu·e·s par des actions bien concrètes, qui visent à modifier le paysage éducatif, social, sociétal dans lequel nous vivons tous et toutes.

L’engagement emporte l’adhésion des militant·e·s insensiblement mais avec la force d’une tempête. Cette notion d’engagement est ce qui fait vivre le mouvement et ce congrès ne serait rien sans lui. Et celui-ci se fait sur les valeurs, sur le chantier des fondations de châteaux en utopie.

On est peut-être, certainement ou salarié·e·s, ou bénévoles élu·e·s ou pas mais avant tout militant·e·s et celui ou celle que je croise, nul besoin de savoir quel est son statut, sa fonction, c’est le rôle qu’il·elle occupe durant ce congrès qui prime. Et quel que soit celui-ci, il ou elle est là, c’est le principal. Les congressistes vivent le même congrès.
Nous avons dans notre mouvement un process de fonctionnement original et bien particulier sur lequel je ne vais pas m’attarder ici mais qui interpelle et interloque les observateur·trice·s et nos copains et copines de l’Éducation nouvelle comme ceux·celles de l’éducation populaire.

Ni fédération, ni SCOP, c’est le mot réseau qui définit le mieux l’organisation de notre association nationale, de nos associations territoriales, c’est ce terme et son image projetée sur nos agir qui vient immédiatement à l’esprit. La place de la personne au sein du mouvement n’est pas déterminée par sa fonction dans l’association, ni par le rôle tenu dans l’organisme de formation. Le mot militant·e est le maître mot. Et ce mot, qui parfois effraie parce que trop connoté, est un leitmotiv qui jamais n’est perdu de vue. Nous sommes des militant·e·s de l’éducation.

À l’accueil, au bar, dans l’animation des temps de travail, des temps d’activités, à la communication, aux publications, les équipes prennent en compte la mixité de statut, d’âge et de sexe. Et ce qui est agi est toujours empreint de politique, participant même d’une manière détournée, à peine perceptible, modeste d’un projet de transformation de la société qui transparaît.

Que d’allées et venues, que de kilomètres avalés dans le respect strict (même si cela paraît fastidieux et antinomique de la conception de la liberté de certain·e·s) des gestes barrières et du protocole (gel hydroalcoolique à disposition et masques quasi constamment portés). La règle cadre et ce cadre nous le défendons comme principe générateur de liberté. Même si nous ne l’avons pas décidé, il constitue un commun qui nous a permis de maintenir ce congrès (ajourné l’été dernier) alors que maintes manifestations ont été supprimées. La notion de risque pédagogique prend ici tout son sens.

Cela peut paraître une folie d’avoir contre vents et marées décidé d’accueillir un demi millier de personnes au cœur de l’université de Poitiers, mais ce qui pouvait passer pour de l’entêtement opiniâtre n’est en définitive que la confirmation d’un engagement, qui tient compte de la situation certes, mais qui ne va pas au-delà en se gardant d’ajouter d’autres garde-fous à ceux qui existent.

Pour preuve, la présence des militant·e·s des Ceméa de la Réunion, de Martinique, de Guadeloupe, de Mayotte, de Guyane et de Nouvelle-Calédonie. Alors que pour quelques-un·e·s le pari n’était pas gagné.

Vivre des moments irremplaçables, des prises de bec, de tête, des réfections du monde, de celui de l’éducation, de la santé mentale, de l’animation, de tous les autres, ça vaut quand même le coup.

Réfléchir aux questions de solidarité, de démocratie (marronnier peut-être éculé mais qui demande néanmoins qu’on le rafraîchisse sans cesse). Nous ne sommes pas tous et toutes d’accord et c’est tant mieux, c’est ce qui fait notre force. Les désaccords, le débat permettent de parvenir à un consensus, il reste à trouver la meilleure formule pour y parvenir. Il semble qu’empoigner la question de la démocratie puisse nous aider à y travailler. La solidarité est un urgence absolue, à l’interne comme à l’externe et ici aussi les opinions divergent, mais il va falloir que nous éclaircissions ce point en le dépassionnant. Quant aux enjeux sociétaux, ils vont aboutir à la publication d’un manifeste, destiné à nos partenaires associatifs ou publics, qui dira notre positionnement . Celui-ci sera distribué le mardi 24 août à l’heure du petit déjeuner. Puis diffusé par les associations territoriales et l’association nationale pour en quelques phrases présenter notre positionnement quant aux nombreux enjeux sociétaux qui nous importent.

Ce manifeste est bien la présentation de l’engagement que nous prenons à défendre les valeurs de l’Éducation nouvelle et leur mise en pratique avec des méthodes d’éducation active.

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« L’importance de la valorisation, de la reconnaissance des différentes formes d’engagements volontaires des jeunes » Ludovic Falaix

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