Depuis leur création, les CEMÉA s’ intéressent à la recherche non seulement pour élaborer des démarches pédagogiques innovantes mais aussi pour garder le souci de la rigueur, de l’évaluation, de la confrontation, de l’efficience. Militant·e·s du « faire » et non uniquement du « dire », les CEMÉA entretiennent avec la recherche scientifique une longue histoire … tournée vers l’avenir.

Les Ceméa et la recherche : une relation historique

Les Ceméa ne se placent pas uniquement dans une relation à sens unique avec la recherche, ou dans une relation descendante. Ils se nourrissent régulièrement des recherches actuelles, y contribuent modestement, et s’y confrontent. Ils animent aussi des espaces de recherche à l’interne, et co-conduisent, avec des chercheur.ses, des recherches-actions. Cette relation historique à la recherche subvertit l’opposition traditionnelle entre militant.es qui seraient dans l’idéologie et chercheur.es qui seraient dans la science.

Les Ceméa s’inscrivent, en cela, dans le prolongement de l’inspiration de l’Éducation nouvelle où l’articulation entre militant.es et chercheur.es est source d’exigence réciproque sans que quiconque se place en position de surplomb en prétendant détenir la vérité de l’autre. C’est d’ailleurs ce qu’a montré la première rencontre de la Ligue Internationale de l’Éducation nouvelle à Calais en 1921, où les conférencier.es étaient des chercheur.es, des praticien.nes, des militant.es.

Les Ceméa participent donc à l’émergence de nouveaux travaux et de nouvelles thématiques de recherche, mais aussi à la formation de jeunes chercheur.ses.

« Carte blanche » aux chercheur.es

Le Groupe de Direction du Congrès a donc décidé de proposer une « Carte blanche » à des chercheurs et chercheuses actuel.les dans le cadre du Congrès de Poitiers afin de :

  • Contribuer à l’actualisation des références en Éducation nouvelle et en Éducation populaire ;
  • Interroger l’efficacité spécifique des méthodes d’éducation actives grâce à des méthodologies adaptées;
  • Donner à voir les sujets actuels de recherche qui touchent aux activités de l’association ;
  • Créer des espaces de rencontres et des dynamiques pouvant se poursuivre entre militant.es des CEMÉA et des jeunes chercheur.ses ;
  • Donner goût aux militant.es de s’engager eux-mêmes dans la recherche et de créer des partenariats avec des chercheur·e·s ;
  • Faire prendre conscience que les CEMÉA participent déjà, de leur place, à la recherche et qu’ils peuvent mieux formaliser leur travail dans ce domaine.

Pour garantir la qualité scientifique de ce moment, l’Association des Enseignant.es et Chercheur.es en Sciences de l’Éducation (AECSE) a accepté de parrainer le congrès, plusieurs enseignant.es-chercheur.ses de l’AECSE y interviendront.

Rencontres avec les chercheur.es

Au-delà de l’aspect « rencontres » que va permettre ce temps du Congrès, et des futures collaborations qu’il pourrait engendrer, ce moment aidera aussi les participant·e·s du Congrès à connaître ce qui se passe dans les recherches en éducation et à appréhender les enjeux éducatifs actuels. Ce moment d’analyse, de compréhension, est important pour l’élaboration du projet associatif des CEMÉA pour les années à venir.

Durant le Congrès, ce temps se divisera en deux parties :

Une séance plénière pour présenter, dans un premier temps et de manière synthétique, l’actualité de la recherche sur l’Éducation nouvelle, l’Éducation populaire et les pédagogies actives. cette plénière abordera aussi la place des mouvements pédagogiques dans la production de la recherche scientifique. Cette courte conférence sera suivie d’une table-ronde regroupant quelques chercheur.ses autour de la question suivante : « Vous êtes dans un Congrès des CEMÉA, vous avez pu y déambuler, rencontrer des personnes, échanger, ce congrès a une logique, une structure, des objectifs. Que pouvez-vous en dire ? Qu’avez-vous retenu ? En quoi cela participe, nourrit, illustre vos travaux de recherche ? En quoi cela fait-il écho à vos propres travaux ? ».

Puis, des « ateliers » seront proposés à l’ensemble des congressistes. Ils seront animés par un·e ou des chercheur·se·s actuel·le·s, avec mini-conférences, présentations de travaux, revues de questions ; mais aussi des situations expérimentales, des débats autour de questions vives, des propositions méthodologiques (sur l’épistémologie de la recherche-action par exemple)… Ils seront aussi l’occasion de débattre de l’articulation entre les CEMÉA et la recherche.

Pascal BORDES animera un atelier sur les « cultures sportives sauvages », que l’on appelle aussi le « sport de rue » et leur place dans une situation d’Éducation nouvelle. Cela permettra de situer ces pratiques entre rejet, mise à distance et appropriation.
Cyril DHEILLY animera un atelier sur les Accueils Collectifs de Mineurs, démontrant ainsi comment l’environnement influence les rapports aux risques des animateurs volontaires, exerçant dans ces espaces de centres de vacances et ou d’accueil de loisirs sans hébergement.
Ludovic FALLAIX et Fréderic LEBAS, en s’appuyant sur une recherche-action conduite lors de stages en animation volontaire des Ceméa, présenteront des perspectives d’évolution du BAFA permettant de réelles situations d’engagement pour la jeunesse.
Sébastien GOUDEAU parlera de l’influence des contextes scolaires sur l’apprentissage au prisme des inégalités. L’origine sociale reste aujourd’hui encore le plus fort prédicteur des résultats et des parcours scolaires. Cet atelier permettra d’examiner l’influence des contextes scolaires sur les performances et la construction des inégalités sociales.
Audrey GUELOU parlera du Fediverse, un réseau décentralisé de médias sociaux alternatifs aux médias sociaux centralisés et fermés, et leur importance dans le pouvoir d’agir de tout un chacun.e.
Sophie JEHEL parlera des jeunes et de la place prépondérante qu’ils occupent dans l’économie numérique : Facebook, Youtube, Instagram, Snapchat, Tiktok … ces plateformes se livrent une bataille serrée pour la conquête de la participation des adolescents. L’atelier prendra le temps de réfléchir à comment favoriser la réflexivité des jeunes (et des éducateurs) sur la situation des usagers de ces plateformes, et comment stimuler leurs capacités d’analyse et de créativité.
Laurent LESCOUARCH animera un atelier sur l’animation périscolaire et son articulation avec le « bien-être ». La question de la place de l’animation socioéducative dans l’environnement éducatif français sera approfondie.
Benjamin MOIGNARD parlera d’Education nouvelle et d’Education populaire en insistant sur leur rôle fondamental dans la prise en charge des « nouvelles » problématiques éducatives. Pour autant cette implication n’est pas sans générer des tensions, qui seront présentées et mises en perspectives.
Diane MOUSSAVOU à partir d’une recherche-action-participante réalisée auprès d’un collectif d’enseignant·e·s qui se sont constituées en collectif au moment de la construction d’un collège sur un territoire où d’autres étaient déjà présents, permettra de réfléchir sur les conditions des possibles au faire équipe, et ses entraves.
Daniel PRIOLO parlera de l’idéologie libérale, non pas sur son versant économique, mais sur son versant philosophique ; et plus spécifiquement sur leurs conséquences psychologiques. Les valeurs libérales sont souvent mises en avant dans le champ éducatif, mais ont-elles tant que cela des effets positifs ?
Bruno ROBBES introduira de nombreuses idées reçues qui circulent à propos de l’Éducation nouvelle : il suffit de mettre les enfants en activité pour qu’ils apprennent ; il suffit de mettre des enfants en groupe pour qu’ils coopèrent et que leur travail ait du sens… l’atelier permettra de se rendre compte que mettre en place de telles pratiques ne va pas de soi et peut même induire des effets inverses de ceux attendus.
Marie VERGNON animera un atelier qui permettra de valoriser « le patrimoine pédagogique », notamment en décrivant l’apport de Helen PARKHURST et du plan Dalton, qui demeurent peu connus en France.

À l’issue du congrès, un document de synthèse, de type « actes », sera élaboré. Ce document présentera tout ce qui se sera dit dans tous ces espaces, enrichi par les militant·e·s et les chercheur·e·s qui voudront lui ajouter des écrits.

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« L’importance de la valorisation, de la reconnaissance des différentes formes d’engagements volontaires des jeunes » Ludovic Falaix

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