Au hasard d’une discussion informelle dans un couloir de l’université de Poitiers, Dominique, Joëlle, Rozenn, Chloé et Tristan échangent sur la perte de collectif dans les établissement de la protection de l’enfance. Une belle occasion d’ouvrir la réflexion sur le sens du collectif dans nos parcours individuels de congressistes.
On a vu apparaître l’individualisation des parcours, éducatifs ou professionnels. On a fait des projets individuels, des accompagnements. Que reste-t-il du collectif ?
Il semblerait qu’il menace l’individu, son épanouissement, sa singularité. À fuir donc. Pourtant les pédagogues, les psychologues, les philosophes nous disent que c’est dans le collectif que se développe l’individu et qu’il apprend par et avec les autres.
Les éducateur·ice·s témoignent de ces jeunes logés dans des chambres individuelles et qui préféreraient être à plusieurs et ne pas se retrouver devant cette solitude angoissante quand vient l’heure de dormir.
Pour les animateur·ice et les formateur·ice·s, le groupe est vital à certaines activités et à la vie quotidienne. Trente jeunes ensemble donnent de belles occasions de grands jeux. Nous avons besoin du nombre ! Celui qui permet à l’individu d’exister.
Le collectif fait aussi protection. C’est dans ce sens qu’il évolue, du grand au petit, selon que l’on souhaite de la distance ou de la proximité, de la masse ou du volume.
Ce collectif, c’est la solidarité, le soutien, la force, la créativité, la rencontre avec l’autre et un cadre sécurisant, réassurant pour ceux qui font le choix de s’y mettre en retrait, d’y être anonyme.
Qui a dit que collectif et épanouissement s’opposaient ? Bien sûr, il faut quelques conditions pour que ce collectif soit émancipateur : l’avoir choisi, qu’il s’agisse d’un collectif en évolution aussi.
Parce que nous évoluons, notre place dans le collectif doit évoluer aussi et tenir compte de la société, ses publics, ses politiques publiques. Un collectif idéal serait en mouvement perpétuel, garant de la transmission, d’une tradition peut-être, de valeurs certainement, à interpréter à l’aube de demain.